🏉 Au Moins J Aurai Laissé Un Beau Cadavre

LePoint Pop « Simetierre » : le cadavre a de beaux restes. Cette nouvelle adaptation du classique de Stephen King fait l'effort appréciable de proposer du neuf, mais rate la réanimation dans Oudu moins il se faisait appeler ainsi. Il était jusqu’au week-end un cadavre sur une civière, sans la moindre ride sur son beau visage, attestant sa jeunesse. L’indicible Ses camarades de travail, les coins de café où il s’attablait pour manger n’ont pu ni retracer son histoire ni découvrir son nom de famille. A croire qu’il Rehearsalsfor the show "Au Moins J'aurais Laisse Un Beau Cadavre" get underway at the Avignon Theatre, on July 09, 2011 in Avignon, France. The play Actor Pascal Reneric and actress Laure Calamy perform during rehearsals for the show "Au Moins J'aurais Laisse Un Beau Cadavre" at the Avignon sur 2. SUIVANTE . France. CONTENU. Images créatives Hippodromede Douai - merc 11 janv 2012 - Début de la représentation de "Au moins j'aurai laissé un beau cadavre" mise en scène de Vincent Macaigne, d'après Pourcela, les embaumeurs utilisaient du natron, un carbonate de sodium décahydraté souvent trouvé près des lacs salés. Ils plongeaient le corps dans cette mixture pendant environ 40 jours. Les cavités du corps se remplissaient de la dite substance et le FindAu Moins Jaurai Laisse Un Beau Cadavre 65th Avignon Theatre Festival stock photos and editorial news pictures from Getty Images. Select from premium Au Moins Jaurai Laisse Un Beau Cadavre 65th Avignon Theatre Festival of the highest quality. Au moins j'aurai laissé un beau cadavre", Vincent Macaigne, extraits Toutes les vidéos Dernières critiques Par Aurélien Péréol vendredi 20 janvier 2012 Le beau cadavre sans Sortien avril 2018, Frostpunk fut un très beau succès de la part de 11 Bits Studios qui a revendiqué pas moins de 3 millions d'exemplaires vendus en l'espace de trois ans. Voici donc sa suite Guerre au seul souvenir des maux que tu déchaînes, Fermente au fond des cœurs le vieux levain des haines ; Dans le limon laissé par tes flots ravageurs Des germes sont semés de rancune et de rage, Et le vaincu n'a plus, dévorant son outrage, Qu'un désir, qu'un espoir : enfanter des vengeurs. Ainsi le genre humain, à force de revanches, rIkfRqU. Il est des spectacles qui, pour interpeller directement » le public, croient devoir organiser sa prise d’otage physique. Le prendre à partie serait trop sobre il faut l’enjoindre d’applaudir, de se lever, de venir sur scène, de pousser des cris. J’ai assisté l’autre jour à une manifestation » de ce genre, au Théâtre National de Chaillot Paris 16ème, pour la reprise d’Au moins j’aurai laissé un beau cadavre, ce spectacle créé par Vincent Macaigne au Festival d’Avignon d’après Hamlet de Shakespeare. Comédiens hurlant tous sur le même ton, musique entraînante mais qui vous casse les oreilles le théâtre offre heureusement des boules Quies aux spectateurs avant leur entrée dans la salle, nouveau roi déguisé en banane géante, qui ordonne au public de se lever et d’applaudir la moindre de ses déclarations insignifiantes… Certains ont vu dans ce spectacle la preuve d’une belle énergie ». Je n’y ai vu qu’un fantasme de toute-puissance assez méprisant pour le public Macaigne peut se targuer de faire lever les foules pour applaudir une banane ; et surtout, un acharnement morbide à vouloir écraser le monde et le sens dans un même magma informe à base de hurlements, de sang qui coule à flot, et de boue dégoulinante. Pour captiver le public, est-il bien nécessaire de l’incarcérer de la sorte ? Certes non, et c’est même tout le contraire, comme le prouve une fois de plus le nouveau spectacle de Joël Pommerat Cendrillon. Loin du bruit et des images prémâchées, c’est tout en poésie, en humour et en nuance que cet auteur secoue, toujours très fort, le regard du spectateur. Cendrillon est un conte pour enfants, mais le spectacle de Pommerat, aux Ateliers Berthier Paris 17ème, est l’un des plus beaux moments de théâtre à vivre en ce moment, pour les adultes aussi. L’héroïne de ce conte dûment revisité est une petite fille en deuil, plutôt peu gracieuse, mais pourvue d’un époustouflant sens de la répartie, et d’une imagination redoutable. Sandra tel est le vrai » prénom du personnage, vient de perdre sa mère, et n’ayant pas pu saisir les derniers mots que lui murmurait la mourante, elle s’est persuadée que sa maman lui demandait de penser à elle en permanence, pour lui préserver une place chez les vivants. C’est ainsi qu’en toute simplicité, sous couvert de malentendu », Pommerat décompose avec une lucidité stimulante, les liens irréductibles entre le chagrin et la culpabilité. S’imposent alors des scènes de panique terrible la fillette s’est fait offrir une montre énorme qu’elle a programmée pour sonner toute les cinq minutes. Sur l’air de Ah vous dirais-je maman », l’alarme est là pour lui rappeler sans cesse sa mission, et combien elle est impossible. C’est une sorte de gag acide, cette montre qui intervient toujours de façon intempestive. Mais en même temps, c’est une horloge tragique qui rappelle Baudelaire. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde chuchote Souviens-toi ! », écrivait le poète. Et c’est ce mélange qui est fécond chez Pommerat, l’accessoire fait rire les uns et frissonner les autres, bref, loin d’enfermer les choses dans un sens unique, il met le réel en relief. Il en est ainsi de chaque détail. Comme de celui-ci les filles de la future belle-mère rebaptisent Sandra cendrier », parce que son père lui confie toujours, pour qu’elle les éteigne en vitesse, les cigarettes qu’il fume en cachette. Dépositaire bien réelle des symptômes de son père angoissé, et esclave imaginaire d’une mère qui n’en demandait pas tant, le personnage de Sandra pose ainsi toutes les questions les plus essentielles de l’enfance, entre les transmissions accablantes et les culpabilités qu’on s’invente. La distribution des rôles participe aussi de cette ouverture du sens et de l’imaginaire. Cinq acteurs aussi étonnants que convaincants font vivre sur scène neuf personnages. Noémie Carcaud incarne à la fois une sœur narquoise de Cendrillon, et la bonne fée de la fillette. Caroline Donnelly joue l’autre sœur… et le jeune prince. Alfredo Canavate interprète à la fois le père de Cendrillon et le roi. Il est le seul homme, dans ce spectacle qui pose surtout la question de la féminité et les rivalités qu’elle engage. Car Cendrillon, c’est aussi l’histoire d’un duel symbolique entre les générations celle de la belle-mère Catherine Mestoussis, grosse dame convaincue de faire » plus jeune que ses filles, et Cendrillon, frêle fillette qui a déjà plus de souvenirs que si elle avait mille ans. Déborah Rouach était d’ailleurs faite pour jouer ce rôle petite silhouette brune et comédienne troublante, la moindre de ses paroles vous donne des frissons, tant elle sait faire parler l’enfance, dans sa fragilité et sa maturité paradoxale. Ainsi Pommerat montre-t-il le monde comme il est dans l’inconscient immense et compliqué. Son spectacle, on le vit au moins autant qu’on le regarde, comme une expérience intense et troublante. Pour produire un tel effet, nul besoin de crier fort, ni de jouer les animations participatives ». Surtout pas. Aux Ateliers Berthier Odéon Théâtre National de l’Europe, Paris 17ème, jusqu’au 25 décembre. Publié le mardi 18 octobre 2011 à 16h25 Avec Samuel Achache, Laure Calamy, Jean-Charles Clichet, Julie Lesgages, Emmanuel Matte, Rodolphe Poulain, Pascal Reneric et Sylvain Sounier Un Hamlet en colère comme on ne l’a jamais vu. Pertinent et audacieux, le metteur en scène Vincent Macaigne présente une version très libre et contemporaine de la pièce de Shakespeare. Ça sent bizarre… Il y a quelque chose de pourri. On étouffe, ça manque d’air. Hamlet ou la dénonciation d’un monde confiné, replié sur soi. Hamlet selon Vincent Macaigne joue le rôle d’un révélateur. Ce qu’il voit uneEurope calfeutrée, apeurée . Hamlet va secouer tout ça. Il a soif d’absolu. Est en quête de vérité. Après un Idiot ! présenté en mars 2009 au Théâtre National de Chaillot – librement adapté du roman de Dostoïevski – à la beauté convulsive, drôle, saturée et surtout passablement énervé, Vincent Macaigne embraye sur Hamlet, un idiot » lui aussi à sa façon. Du prince Mychkine au prince du Danemark, il n’y a qu’un pas ou presque. Car Hamlet met les pieds dans le plat, fait exploser les codes, ouvre l’espace du plateau, le viole, est violé par lui. Vincent Macaigne aborde la pièce en remontant à la légende danoise dont s’inspira Shakespeare. Il imagine Hamlet enfant, amoureux d’Ophélie. Un Hamlet qui prendrait sa source dans le conte. Au moins j’aurai laissé un beau cadavre Mais aussi un Hamlet du XXe siècle . La brume s’est dissipée. C’est en pleine lumière qu’apparaît le fantôme du père. Hamlet affronte la réalité avec les armes du théâtre. Un théâtre qui agirait comme révélateur ; dont l’objectif est de dévoiler le monde tel qu’il est, dépouillé de ses illusions ; le théâtre de Vincent Macaigne. Hugues Le Tanneur Présentation Le conte originel danois dont Shakespeare s’est inspiré pour écrire Hamlet nous servira de point de départ, telle une “Bible”. Il s’agit de créer l’espace dans lequel exploseront la violence et l’art d’Hamlet, personnage en quête d’absolu et de vérité, et de prolonger le cri désespéré de Shakespeare lui-même implorant par la chair d’Hamlet la vérité. Nos recherches tendront vers cette question qu’est-ce que ne pas avoir sa place quand on est en colère ? Hamlet est un appel à la colère. Un appel d’air en germe dès l’enfance. Hamlet se retourne contre sa propre génération qui s’est soumise à l’acceptation. Il l’appelle à la colère. Il travaille comme nous à emmener la génération prochaine. C’est la seule chose à faire, pour Hamlet, pour nous. Un sacrifice pour la suite. Au moins j’aurai laissé un beau cadavre Au moins j’aurai laissé un beau cadavre sera bien sûr l’histoire d’un poète d’un homme de théâtre. Dans un monde où la chair et la violence sont recluses, qu’est-ce que l’absolu? Dans un théâtre fermé, qu’est-ce qu’un geste pulvérisateur ? Nos interrogations seront parallèles, un monde s’asphyxie et que fait l’art existe-t-il encore, et comment ? Nous ne voulons pas coller au texte de Shakespeare mais en révéler les puissances contradictoires quand le royaume étouffe, il n’y a pas d’autre choix pour la jeunesse que de s’exalter, pas d’autre choix pour Hamlet que de venir trouer ce qui l’entoure. Cette quête de l’absolu, c’est une nécessité inscrite dans la chair de chacun de nous depuis le début de notre travail. Nous la poursuivrons dans un rapport naïf et violent au conte, en refusant absolument l’abstraction et le cynisme. Tout sera expérimenté sur le plateau en improvisations, de façon brute, avec la liberté d’y ajouter mes propres textes, ceux des comédiens, des extraits de journaux, les textes de Sénèque, ceux de Nietzsche, ou d’autres encore. Nous partirons d’une rage, de son germe on voit Hamlet et Laerte enfants. Hamlet et Ophélie sont déjà amoureux. Déjà les enfants jettent des pierres, lancent des mots racistes, c’est une société ludique et cruelle, violente qui émerge. La civilisation semble reprendre le dessus mais elle évolue dos à une jeunesse qui exulte. Le Danemark se capitonne, se protège de plus en plus, et s’embourgeoise. Nous allons jouer face à ce repli. Au moins j’aurai laissé un beau cadavre Nous voulons un espace concret pour évacuer toute tentation de placer Hamlet dans les nimbes et la brume . Nous serons dans le réel et dans sa vérité grotesque. La scénographie sera concrète, elle sera déterminée par la profusion des corps. C’est un fantôme dégagé de tout brouillard et de toute aura qui parlera à Hamlet. Il sera en chair et en odeur, le père réincarné. Nous écartons la question de la folie, pour tout recadrer sur la violence du geste. Shakespeare inscrit le théâtre au coeur du plateau. Hamlet prend le théâtre comme un engin de la réalité et de vérité. Nous voulons faire de cette matière un objet théâtral brut , un geste en quête de vérité, un pamphlet sur l’art et la culture . Ce qui nous intéresse préserver l’humour et le burlesque de cette tragédie qui n’est tragédie que par bêtise. Faire un théâtre sale et sans politesse, qui ne soit pas l’instrument d’une pensée ou d’un discours, mais qui se dépouille au contraire de toute intelligence pour révéler la naïveté, l’absurdité et la poésie de ses situations. Vincent Macaigne, septembre 2010 Au moins j’aurai laissé un beau cadavre Le théâtre de Vincent Macaigne Animé par la farouche volonté de faire entendre la voix du théâtre dans un monde en crise, le comédien Vincent Macaigne est devenu metteur en scène pour s’exprimer sur un plateau transformé en champ de bataille des corps et des idées. Affrontant goulûment la mort à travers différentes versions d’un Requiem sans cesse retravaillé, la combattant par une débauche d’artifices revendiqués et magnifiés, il assène avec force sa confiance en un art théâtral capable de maintenir l’homme débout. Jouant d’une certaine forme de naïveté dans sa rencontre avec les mythes fondateurs, il sait construire sa déconstruction, refusant toute gratuité, mais défendant l’urgence de l’acte artistique. C’est cette urgence qui a également fait de lui un auteur, mêlant sa voix à celle des grands dramaturges qu’il admire Shakespeare ou Dostoïevski. Réécrivant L’Idiot, il charge le héros de ses propres angoisses et de ses propres espoirs qu’il parvient à faire incarner par des comédiens auxquels il demande un engagement physique total. Une implication de chaque instant qui les oblige à ne pas faire semblant, à prendre tous les risques pour faire surgir la vérité qui se cache derrière les rituels d’un théâtre bousculé. Aller jusqu’au bout de l’action, ne rien négliger pour réchauffer les rêves et même les accélérer, opposer à la violence du monde la violence d’un art où la parole est directement adressée, qu’elle soit cri de colère, de désespoir ou d’amour pour une humanité malmenée, voilà tout ce qui se retrouve au coeur du travail de Vincent Macaigne, joyeux désespéré qui ne s’avoue jamais vaincu. Jean-François Perrier, pour l’édition 2011 du Festival d’Avignon Vous trouvez cet article intéressant ? Faites-le savoir et partagez-le. L’œuvre d’Homère est immense, non seulement en quantité, mais par la place qu’elle occupe dans la littérature mondiale. Les vers qui nous sont parvenus ne représentent qu'une fraction de l'ensemble de son oeuvre L’Iliade et L’Odyssée. Ils sont disposés dans les deux textes en 24 parties ou chants» qui devaient former des histoires indépendantes pouvant être racontées en une seule fois. Ces épopées racontent d'une part le siège de Troie, enjeu impitoyable entre les héros et les dieux de la Grèce, d'autre le retour interminable de l'un de ces héros, Odysseus en latin Ulysse dans son île natale. Isabelle Grégor L’Iliade en quelques mots Achille boude. Agamemnon, chef des armées grecques, lui a reprit son esclave préférée, Briséis. Il refuse donc obstinément de retourner combattre sous les murs de Troie. Depuis près de 10 ans, les armées des Grecs ou Achéens en font le siège pour rependre la belle Hélène, enlevée par Pâris, prince troyen. S’il ne se décide pas vite à repartir au combat, c’est la défaite assurée ! Pour sauver la Grèce, son meilleur ami, Patrocle, se fait passer pour le héros et parvient à faire reculer les Troyens. Mais c’est sans compter sur Hector, leur meilleur guerrier, qui parvient à tuer Patrocle. Fou de douleur, Achille jure de se venger. Hector succombe sous ses coups, et son corps est traîné derrière le char de son vainqueur. Priam, roi de Troie, vient supplier Achille de lui rendre le corps de son fils des funérailles solennelles vont pouvoir avoir lieu. Chante, Déesse, la colère d’Achille… » La mort de Patrocle chant XVI Et dès que Hector eut vu le magnanime Patrocle se retirer, blessé par l'airain aigu, il se jeta sur lui et le frappa dans le côté d'un coup de lance qui le traversa. Et le fils de Menoetios tomba avec bruit, et la douleur saisit le peuple des Achéens. De même un lion dompte dans le combat un robuste sanglier, car ils combattaient ardemment sur le faîte des montagnes, pour un peu d'eau qu'ils voulaient boire tous deux; mais le lion dompte avec violence le sanglier haletant. Ainsi Hector, le fils de Priam, arracha l'âme du brave fils de Menoetios, et, plein d'orgueil, il l'insulta par ces paroles ailées - Patrocle, tu espérais sans doute saccager notre ville et emmener, captives sur tes nefs, nos femmes, dans ta chère terre natale ? Ô insensé ! c'est pour les protéger que les rapides chevaux d’Hector l'ont mené au combat, car je l'emporte par ma lance sur tous les Troyens belliqueux, et j'éloigne leur dernier jour. Mais toi, les oiseaux carnassiers te mangeront. Ah ! malheureux ! le brave Achille ne t'a point sauvé » […]. Et le cavalier Patrocle, respirant à peine, lui répondit - Hector, maintenant tu te glorifies, car Zeus, le fils de Chronos, et Apollon t'ont donné la victoire. Ils m'ont aisément dompté, en m'enlevant mes armes des épaules […] Je te le dis, garde mes paroles dans ton esprit Tu ne vivras point longtemps, et ta mort est proche. La Moire [le Destin] violente va te dompter par les mains d’Achille […] ». Il parla ainsi et mourut, et son âme abandonna son corps et descendit chez Hadès, en pleurant sa destinée, sa force et sa jeunesse. Le bouclier d’Achille chant XVIII Et il [Héphaïstos] jeta dans le feu le dur airain et l'étain, et l'or précieux et l'argent. Il posa sur un tronc une vaste enclume, et il saisit d'une main le lourd marteau et de l'autre la tenaille. Et il fit d'abord un bouclier grand et solide, aux ornements variés, avec un contour triple et resplendissant et une attache d'argent. Et il mit cinq plaques au bouclier, et il y traça, dans son intelligence, une multitude d'images. Il y représenta la terre et l'Ouranos [le Ciel], et la mer […]. Et il fit deux belles cités des hommes. Dans l'une on voyait des noces et des festins solennels. […] Puis, deux armées, éclatantes d'airain, entouraient l'autre cité. Et les ennemis offraient aux citoyens ou de détruire la ville, ou de la partager, elle et tout ce qu'elle renfermait. Et ceux-ci n'y consentaient pas, et ils s'armaient secrètement pour une embuscade, et, sur les murailles, veillaient les femmes, les enfants et les vieillards. Mais les hommes marchaient, conduits par Arès et par Athéna, tous deux en or, vêtus d'or, beaux et grands sous leurs armes, comme il était convenable pour des dieux; car les hommes étaient plus petits. Et, parvenus au lieu commode pour l'embuscade, sur les bords du fleuve où boivent les troupeaux, ils s'y cachaient, couverts de l'airain brillant. Deux sentinelles, placées plus loin, guettaient les brebis et les bœufs aux cornes recourbées. Et les animaux s'avançaient, suivis de deux bergers qui se charmaient en jouant de la flûte, sans se douter de l'embûche. Et les hommes cachés accouraient; et ils tuaient les bœufs et les beaux troupeaux de blanches brebis, et les bergers eux-mêmes. Puis, ceux qui veillaient devant les tentes, entendant ce tumulte parmi les bœufs, et montant sur leurs chars rapides, arrivaient aussitôt et combattaient sur les bords du fleuve. Et ils se frappaient avec les lances d'airain. La Discorde et le Tumulte et la Ker [la Mort] fatale s’y mêlaient. Et celle-ci blessait un guerrier, ou saisissait cet autre sans blessure, ou traînait celui-là par les pieds, à travers le carnage, et ses vêtements dégouttaient de sang. Et ces divinités semblaient des hommes vivants qui combattaient et qui entraînaient de part et d'autre les cadavres. Achille tue Hector chant XXIII Et Achille, emplissant son cœur d'une rage féroce, se rua aussi sur le fils de Priam. Et il portait son beau bouclier devant sa poitrine, et il secouait son casque éclatant aux quatre cônes et aux splendides crinières d'or mouvantes qu’Héphaïstos avait fixées au sommet. Comme Hespéros, la plus belle des étoiles qui se tiennent dans le ciel, se lève au milieu des astres de la nuit, ainsi resplendissait l'éclair de la pointe d'airain que le fils de Pélée brandissait, pour la perte d’Hector, cherchant sur son beau corps la place où il frapperait. Les belles armes d'airain que le fils de Priam avait arrachées au cadavre de Patrocle le couvraient en entier, sauf à la jointure du cou et de l'épaule, là où la fuite de l'âme est la plus prompte. C'est là que le divin Achille enfonça sa lance, dont la pointe traversa le cou d’Hector; mais la lourde lance d'airain ne trancha point le gosier, et il pouvait encore parler. Il tomba dans la poussière, et le divin Achille se glorifia ainsi - Hector, tu pensais peut-être, après avoir tué Patrocle, n'avoir plus rien à craindre ? Tu ne songeais point à moi qui étais absent. Insensé ! […] Va ! les chiens et les oiseaux te déchireront honteusement, et les Achéens enseveliront Patrocle ! » Et Hector au casque mouvant lui répondit en s’exprimant avec difficulté - Je te supplie par ton âme, par tes genoux, par tes parents, ne laisse pas les chiens me déchirer auprès des nefs achéennes. Accepte l'or et l'airain que te donneront mon père et ma mère vénérables. Renvoie mon corps dans mes demeures, afin que les Troyens et les Troyennes me déposent avec honneur sur le bûcher. Et Achille, aux pieds rapides, le regardant d'un œil sombre, lui dit - Chien ! Ne me supplie ni par mes genoux, ni par mes parents. Plût aux Dieux que j'eusse la force de manger ta chair crue, pour le mal que tu m'as fait ! Rien ne sauvera ta tête des chiens, même si on m'apporterait dix et vingt fois ton prix, et nuls autres présents; même si Priam, le fils de Dardanos, voulait te racheter ton poids d'or ! Jamais la mère vénérable qui t'a enfanté ne te pleurera couché sur un lit funèbre. Les chiens et les oiseaux te déchireront tout entier. » Priam supplie Achille de lui rendre le corps de son fils chant XXIV - Souviens-toi de ton père, ô Achille égal aux Dieux ! Il est de mon âge et sur le seuil fatal de la vieillesse. Ses voisins l'oppriment peut-être en ton absence, et il n'a personne qui écarte loin de lui l'outrage et le malheur; mais, au moins, il sait que tu es vivant, et il s'en réjouit dans son cœur, et il espère tous les jours qu'il verra son fils bien-aimé de retour d'Ilios. Mais, moi, malheureux ! qui ai engendré des fils irréprochables dans la grande Troie, je ne sais s'il m'en reste un seul. J'en avais cinquante quand les Achéens arrivèrent […]. Un seul défendait ma ville et mes peuples, Hector, que tu viens de tuer tandis qu'il combattait pour sa patrie. Et c'est pour lui que je viens aux nefs des Achéens; et je t'apporte, afin de le racheter, des présents infinis. Respecte les dieux, Achille, et, te souvenant de ton père, aie pitié de moi car je suis plus malheureux que lui, car j'ai pu, ce qu'aucun homme n'a encore fait sur la terre, approcher de ma bouche les mains de celui qui a tué mes enfants ! » Il parla ainsi, et il remplit Achille du regret de son père. Et le fils de Pélée, prenant le vieillard par la main, le repoussa doucement. Et ils se souvenaient tous deux; et Priam, prosterné aux pieds d'Achille, pleurait de toutes ses larmes Hector, le tueur d'hommes; et Achille pleurait son père et Patrocle, et leurs gémissements retentissaient sous la tente. Puis, le divin Achille, s'étant rassasié de larmes, sentit sa douleur s'apaiser dans sa poitrine, et il se leva de son siège; et plein de pitié pour cette tête et cette barbe blanche, il releva le vieillard de sa main. L’Odyssée en quelques mots Les Dieux ont enfin décidé de laisser Ulysse rentrer chez lui. Retenu chez Calypso, le héros grec a hâte de revoir son île Itaque, où l’attend sa femme Pénélope. Mais le chemin du retour ne peut qu’être pavé d’épreuves pendant que son fils Télémaque, parti à sa recherche, écoute ses anciens compagnons d’armes lui expliquer la chute de Troie, Ulysse doit lutter contre la tempête qui le fait naufrager sur les terres du roi Alkinoos. C’est l’occasion pour lui de raconter à son hôte une partie de ses aventures sa confrontation avec le Cyclope Polyphème, sa rencontre avec la redoutable magicienne Circé, sa descente au Royaume des morts. Puis voici les cruelles Sirènes, les pièges tendus par Charybde et Scylla et enfin l’arrivée chez la douce Calypso. Finalement, Uysse quitte Alkinoos et retrouve Itaque où les prétendants tentent de s’emparer du pouvoir. Déguisé en mendiant, il réussit à vaincre ses adversaires à l’épreuve de l’arc avant de les massacrer, avec l’aide de Télémaque. Je suis Ulysse, le fils de Laërte… » Ulysse et le Cyclope chant IX Ulysse raconte à Alkinoos ses aventures chez le Cyclope Polyphème qui le retient prisonnier avec ses marins. Il lui a fait croire qu’il s’appelait Personne » Mes gens se tenaient près de moi ; le ciel décuplait notre audace. Soulevant le pieu d’olivier à la pointe acérée, ils l’enfoncèrent dans son œil ; moi, je pesais d’en haut et je tournais. […] Ainsi, tenant dans l’œil le pieu affûté à la flamme, nous tournions, et le sang coulait autour du bois brûlant. Partout, sur la paupière et le sourcil, grillait l’ardeur de la prunelle en feu, et ses racines grésillaient. […] Il poussa d’affreux hurlements ; la roche en retentit ; mais nous, pris de frayeur, nous nous étions déjà sauvés. Alors il s’arracha de l’œil le pieu souillé de sang et le rejeta loin de lui d’une main forcenée. Puis d’appeler à grands cris les Cyclopes qui vivaient dans les grottes des environs, sur les sommets venteux. En entendant ses cris, ils accoururent de partout ; plantés devant la grotte, ils voulaient connaître ses peines Polyphème, pourquoi jeter ces cris d’accablement ? Pourquoi nous réveiller au milieu de la nuit divine ? Serait-ce qu’un mortel emmène malgré toi tes bêtes ? Serait-ce toi qu’on veut tuer, ou par ruse ou par force ? » Le puissant Polyphème leur cria du fond de l’antre Par ruse, et non par force ! et qui me tue, amis ? Personne ! » Et les Cyclopes de répondre par ces mots ailés Personne ! aucune violence ? et seul comme tu l’es ? Ton mal doit venir du grand Zeus, et nous n’y pouvons rien. Invoque plutôt Poséidon, notre roi, notre père ! » Ils s’éloignèrent sur ces mots, et je ris en moi-même mon nom et mon habile tour les avaient abusés ! Sous le charme de Circé, la magicienne chant X Ulysse laisse ses compagnons aller visiter des rivages inconnus… Ils découvrirent dans un val, en un lieu dégagé, la maison de Circé avec ses murs de pierres lisses. Autour se tenaient des lions et des loups de montagne, que la déesse avait charmés par ses drogues funestes. Mais loin de sauter sur mes gens, les fauves se levèrent et vinrent les flatter en agitant leurs longues queues. […] Circé sortit en hâte, ouvrit la porte scintillante et les pria d’entrer ; et tous ces grands fous de la suivre ! […] Elle les conduisit vers les sièges et les fauteuils ; puis, leur ayant battu fromage, farine et miel vert dans du vin de Pramnos, elles versa dans ce mélange un philtre [potion magique] qui devait leur faire oublier la patrie, le leur servit à boire et, les frappant de sa baguette, alla les enfermer au fond de son étable à porcs. De ces porcs ils avaient la tête et les voix et les soies [poils du porc], et le corps, mais gardaient en eux leur esprit d’autrefois. Ainsi parqués, ils pleurnichaient, cependant que Circé leur jetait à tous à manger glands, faînes et cornouilles [fruits], qui sont la pâture ordinaire aux cochons qui se vautrent. Le retour d’Ulysse à Itaque Argos, un compagnon fidèle chant XVII Tandis qu'ils [Ulysse et son serviteur Eumée] se livraient à cet échange de propos, un chien affalé là dressa la tête et les oreilles c'était Argos, le chien que de ses mains le brave Ulysse avait nourri, mais bien en vain, étant parti trop tôt pour la sainte Ilion [Troie]. Les jeunes l'avaient longtemps pris pour chasser le lièvre, le cerf et les chèvres sauvages. Mais depuis le départ du maître, il gisait là sans soins, sur du fumier de bœuf et de mulet qu’on entassait en avant du portail, afin que les valets d’Ulysse eussent toujours de quoi fumer son immense domaine. C’était là qu’était couché Argos, tout couvert de vermine. Or, à peine avait-il flairé l’approche de son maître, qu’il agita sa queue et replia ses deux oreilles ; mais il n’eut pas la force d’aller plus avant ; Ulysse, en le voyant, se détourna, essuyant une larme, vite, à l’insu d’Eumée ; après quoi il dit ces mots Porcher, l’étrange chien couché ainsi sur le fumier ! De corps il est vraiment très beau, mais je ne puis savoir si sa vitesse à courre [à la poursuite du gibier] était égale à sa beauté, ou s’il n’était simplement qu’un de ces chiens de table, que les maîtres n’entourent de leurs soins que pour la montre [pour le plaisir de le montrer]. » À ces mots, tu lui répondis ainsi, porcher Eumée Celui-là c’est le chien d’un homme qui est mort au loin. S’il était resté tel, pour les prouesses et l’allure, qu’Ulysse le laissa au moment de partir pour Troie, sa forme et sa vitesse auraient tôt fait de t’étonner. Jamais les bêtes qu’il traquait dans les forêts profondes ne lui ont échappé ; il connaissait les pistes. Mais le voilà fort affaibli ; son maître a disparu loin de chez lui ; les femmes le délaissent, le négligent. Les serviteurs, dès qu’ils n’ont plus de maître à respecter, refusent d’accomplir le travail auquel ils se doivent. Zeus tonnant ôte à l’homme la moitié de sa valeur, dès l’instant que vient le saisir le jour de l’esclavage. » À ces mots, il gagna la riche demeure et marcha droit vers la salle où se trouvaient les nobles prétendants. Mais Argos n’était plus la sombre mort l’avait saisi, au moment de revoir Ulysse après vingt ans d’absence. Sources bibliographiques du dossier et des textes Les Collections de l’Histoire n°24 La Méditerranée d’Homère. De la guerre de Troie au retour d’Ulysse, juillet-septembre Farnoux, Homère, le prince des poètes, éd. Gallimard Découvertes » n°555, Faure, La vie quotidienne en Grèce au temps de la Guerre de Troie - 1250 avant JC, Librairie Hachette, de Romilly, Homère, Presses universitaires de France Que sais-je ? » n°2218, de L’Iliade et l'Odyssée édition Larousse, Petits classiques » Publié ou mis à jour le 2020-01-18 102755

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